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Réforme des EHPAD : quelle place pour l’animation ?

Réforme des EHPAD : quelle place pour l’animation ?

Les acteurs du secteur gériatrique sont unanimes : il faut donner une place de choix à la vie sociale et donc à l’animation en ehpad et résidence. Il reste néanmoins beaucoup de réponses à apporter pour concrétiser cette intention en actes.

Une approche obsolète de l’animation en Ehpad

Les structures d’accueil des personnes âgées sont-elles des lieux pour être soigner ou pour vivre ? Les deux me direz-vous ? Mais finalement prendre soin, c’est faire vivre et animer, c’est donner la vie ! Pourquoi faut-il que les soins prennent trop souvent la couverture à l’animation en EHPAD ? La considération de l’animateur n’est-elle pas galvaudée par une image encore trop futile des loisirs ?

En théorie, la définition de l’animation en Ehpad, a déjà été réalisée : aide, maintien, stimulation, bien être… dans le respect des projets de vie et de l’intégrité de la personne.

La mise en oeuvre reste floue. Le métier et les objectifs du service animation dépendent alors de la volonté et de la politique de la direction ou du groupe dirigeant. Cette subjectivité entraîne des inégalités profondes et des approches radicalement différentes d’une résidence à l’autre.

De nombreuses inégalités

La liste n’est pas exhaustive, mais les disparités se constatent sur :

  • L’accès à l’information concernant les bonnes pratiques, les méthodologies d’approche, les nouvelles technologies ;
  • L’accès à la formation (BPJEPS, DUT animation sociale, DEJEPS ou DESJEPS) ;
  • Le budget qui peut varier de 0 à plus de 30000€ / an à périmètre constant ;
  • Les ressources humaines affectées (temps de travail, temps dédié à l’animation, types de professionnels affectés …) ;
  • Le niveau de rémunération ;
  • Le positionnement du poste dans la hiérarchie et son rôle plus ou moins stratégique dans le projet d’établissement ;
  • L’accès à internet et aux technologies numériques (digitalisation des établissements) ;
  • La présence d’espaces dédiés à l’animation collective ou individuelle (salle Snoezelen, salon, salle polyvalente, jardin thérapeutique, etc.) ;
  • L’ouverture sur l’extérieur (transport des résidents, vie de quartier, intergénérationnel, etc).

La réforme des Ehpad 

Le rapport du sénateur Bernard Bonne en date du 7 mars 2018 constate la « dérive sanitaire des EHPAD ». Il dénonce ainsi « une offre d’hébergement soutenue par des crédits de médicalisation ne correspondant pas aux aspirations des résidents et de leurs familles ». Aujourd’hui, les normes sont lourdes dans la prise en charge médicale du résident. Au contraire, elles sont quasi inexistantes sur la vie sociale en résidence. Sans points de repères, chacun laisse libre cours à son interprétation de la vie sociale.

Le projet de réforme évoque ainsi l’animation comme un levier important pour favoriser le bien être de nos aînés. Mais les rapports du sénateur Bernard Bonne et des députés Monique Iborra et Caroline Fiat ne structurent que très peu le financement de la vie sociale en résidence. Hors il est indispensable de fixer des règles pour réduire les écarts et les inégalités entre les 10 500 résidences que compte le territoire français.

L’imputation du financement de l’animation sur le budget hébergement est, de fait, générateur d’inégalités de traitement. Ainsi, la prise en charge de la vie sociale varie en fonction des moyens financiers des résidents et des familles. Dans un pays ou le premier mot de notre devise est égalité, peut-on accepter une telle situation ?

Le décloisonnement des budgets santé / dépendance / hébergement est bénéfique si la direction décide d’allouer plus de moyens à la vie sociale. Cependant, sans référentiel, il lui laisse surtout le choix de son interprétation et de la place qu’elle souhaite accorder à l’animation en EHPAD.